C'est un spectacle qui n'a lieu que rarement, au mieux, une à deux nuits par an. Pour lutter contre le gel, ce mercredi 7 avril, comme la veille, les viticulteurs du Chablisien, de Côte d'Or ou encore ceux de Pouilly-Fumé ont allumé braseros et bottes de paille pour sauver leurs vignes du froid.
Très tôt ce mercredi 7 avril, les viticulteurs bourguignons ont à nouveau veillé pour maintenir la flamme. Celle qui peut protéger leurs vignes et dans quelques mois, le millésime 2021. Face à la forte chute des températures, pour la deuxième nuit consécutive, ils ont allumé des braseros pour tenter de gagner quelques degrés entre les rangs de vigne. "Une nuit courte" où la neige s'est également invitée comme l'explique le domaine Lejeune à Pommard (Côte d'Or) ce mercredi matin.
Deuxième nuit de mobilisation
Aux premières heures du jour, mardi matin, en fin de nuit, il a fait -4,9°C dans le Chablisien. Un froid qui peut détruire les bourgeons mais qui donne lieu à un spectacle grandiose. Des milliers de braseros allumés pour tenter de sauver la vigne du gel. C'est ce que montre le photographe auxerrois Titouan Rimbault.
L'air, le feu et l'eau pour sauver les bourgeons
Toujours dans le Chablisien, durant ces "nuits de frayeur" certains domaines comme le domaine Alain Geoffroy décident au contraire d'arroser leurs vignes afin de créer une pellicule de glace qui va protéger les bourgeons naissants.
La Côte d'Or devient côte de feu
En Côte d'Or, à Aloxe-Corton, il a également fallu allumer les bougies dès 3 heures du matin. Objectif, que la température au sol ne descende pas en dessous des -2°C.
Des opérations coûteuses et incertaines
Mais ces opérations d'ampleur ne sont pas la garantie d'un millesime préservé. Si la baisse des températures est trop forte, les bourgeons gèlent. En Côte d'Or, pour mettre en place de tels dispositifs, des villages entiers se mettent en alerte et se mobilisent. Mais un tel dispositif reste coûteux. 9 euros la bougie. Il en faut 400 à l'hectare. Elles ne peuvent être mises en place que dans les parcelles les plus renommées.
A Mercurey, en Saône-et-Loire, Jean-Claude Theulot a donc dû concentrer ses efforts. "Nous avons fait un double choix. D’abord un choix technique de proteger les parcelles de Chardonnay qui produiront des vins blancs, parce que ces parcelles étaient plus en avance que les parcelles de pinot noir." C'est aussi la parcelle emblématique du domaine qui a été préservée : un Mercurey 1er Cru Monopole La Cailloute. "C’est un peu le totem du domaine. Et c’est aussi un choix affectif. Nous aurons, mon épouse et moi, la chance d’être grands-parents dans quelques mois. J’aimerais bien, dans cette parcelle, sauver quelques raisins et produires quelques bouteilles de ce 1er cru Blanc pour l’année de naissance de notre premier petit-enfant."
Après les 28°C au soleil de la semaine dernière, il a fait -4°C cette nuit à Mercurey. Le viticulteur ne se fait guère d'illusions. Il faudra encore attendre quelques jours pour pouvoir constater les dégâts. Mais il redoute de voir, dans le pire des scénarios, 75% de sa récolte menacée.
En Saône-et-Loire, certains professionnels ont tenté des techniques alternatives, sans plus de chances de réussite. Quelques viticulteurs aspergent leurs vignes d'infusion comme ici dans le Mâconnais.